Spirit
1er mars 2012

Arrête de faire l’aveugle, regarde le monde !

Arrête de faire l'aveugle, regarde le monde ! | Spirit (presse_adp) {JPEG}

Compagnie phare des années 90, le Cirque Plume plante son atelier dans la ville rose. Acrobates, jongleurs et musiciens y proposent une variation à coups de pinceaux. C’est en quelque sorte, la version spectacle vivant de " D’art d’art "...

Déambuler dans les couloirs du Prado et dans les " tuyaux " de Beaubourg, parcourir les vastes salons de la Tate, du Moma ou d’un " MAC " quelque chose, le tout en 1h40 et à moindre frais, ça vous tente ? L’agence de voyage la plus proche pour booker le périple : la Grainerie à Balma où le Cirque Plume fait escale pour une dizaine de dates. Vous voilà prêts à embarquer ave " le danseur trampoline aux pétales rouges ", " la jeune fille à la roue ", " Tibo tout court aka Oui-oui " et toute la bande, guides de choix pour ce voyage dans le monde de l’art. L’Atelier du peintre pose son chevalet à Toulouse. Neuvième et dernier spectacle de la compagnie, il sillonne les routes de France et de Navarre depuis sa création en 2009 à la Grande Halle de la Villette où il a joué trois mois durant, à guichets fermés. Un record que la popularité du Cirque Plume autorise. Petit rappel des faits. Née sous l’impulsion du théâtreux Bernard Kudlak, la troupe a fait les beaux jours de ce qu’on appela dans les années 90, le nouveau cirque. Où d’une part, les arts de la piste ne sont plus envisagés comme une simple succession de numéros mais construisent, bout à bout, un véritable schéma narratif. Et d’autre part, le cirque tel qu’on l’entend avec acrobaties, clowns et jongleries, fraie désormais avec les autres disciplines du spectacle vivant : le théâtre bien sûr mais aussi la musique et la danse.

COUP DE PINCEAU
Ambassadeur de ce renouveau artistique, Plic Ploc créé en 2004 aura été joué 398 fois devant 395 000 spectateurs dans le monde entier. Il se pourrait bien que l’Atelier du peintre prenne le même chemin. Ici le coup de pinceau a remplacé le beau débit de l’eau. Une quinzaine d’artistes, magnifiques touche-à-tout, entrent dans l’atelier et nous offrent le monde à travers les chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture. Velasquez, Klimt, Miro, Ingres, Soulages, Courbet - auquel le titre du spectacle emprunte le nom d’une œuvre célèbre - et bien d’autres, côtoient roue allemande, trampoline et trapèze dans un inventaire à la Prévert des plus réussis. Et le dripping de Pollock n’est jamais très loin de l’attaque au paint-ball ! Au-delà du plongeon au cœur des toiles, c’est la beauté des tableaux sur scène qui transportent les spectateurs dans une poésie de l’imaginaire, enveloppée par la partition musicale (et jouée en live) de Robert Miny. " Un spectacle fait par des vivants pour des vivants : il est joyeux, coloré, profond, poétique, sale, brouillon, précis, il est comme la vie ".

Karine Chapert