Correio da manhà (P)
21 juillet 1999

Humour et poésie en mouvement
Cirque Plume au Parc des Nations

António Laginha

Après l’Expo 98, le célèbre Cirque Plume est revenu dans notre pays, sur les lieux mêmes où l’année dernière il a pu être vu dans le spectacle "L’harmonie est-elle municipale ?"
Le célèbre groupe de comédiens-musiciens-chanteurs-funambules-jongleurs, "bondissant et sautant" dans leur chapiteau jaune, a de nouveau ébloui tous ceux qui sont venus sur les lieux par son habilité, ses péripéties et, surtout, par son énorme sens de l’humour. Cirque sans clown pour diriger les opérations (ni riche ni pauvre, ceux qui passent par-là sont plutôt du type "aisés"), mais avec une quinzaine de "performers" de grande qualité et talentueux, le groupe fondé il y a seize ans à Besançon donne en ce moment "Mélanges", un... "opéra - plume" !
Si le concept d’opéra peut-être étendu à un spectacle à facettes multiples de chant, musique et mouvement, "Mélanges" se classe dans la catégorie "opéra rock" accompagné à la guitare électrique, aux instruments traditionnels et d’autres aux caractéristiques très originales. Combinaison de personnes aux compétences diverses qui ensemble construisent au fur et à mesure des situations pour montrer leurs talents les plus inhabituels, "Mélanges", comme son titre l’indique, combine certains rôles et numéros de spectacles précédents avec des créations nouvelles - plus particulièrement de "Toiles", un "show merveilleux" que le Cirque Plume a montré (….à Lisbonne) en 1994, dans le cadre d’un festival international de théâtre. C’est pourquoi, et même sans le facteur de surprise, ce travail - bien que considéré par certains plus consistant que le précédent -, n’a pas l’impact de la "première apparition".
On dit que la spécialité de ce groupe de saltimbanques (qui semblent parfois venir d’un autre temps) est la "fragilité, l’échange et la nostalgie", mais ceci vaut uniquement si la fragilité est propreté, si l’échange est partage et si la nostalgie est modernité et ingéniosité. Ce qui est certain, c’est que les spectacles de ce Cirque sont une matrice pour l’avenir d’un art qui, avec le Cirque Plume, conserve la poésie, l’humour, la virtuosité, le danger et cette indéfinissable et énorme "âme de clown".
Un homme couché commence "presque" à mettre le feu au cirque et est rapidement sauvé par un ange. Ensuite des plumes blanches tombant d’un plumeau volent dans une lumière rouge qui vient se coller au nez d’un clown qui se meut en silhouette. Recourant à des trucs simples tels qu’un rideau blanc en satin qui monte et descend dévoilant et cachant les artistes, "Mélanges" dure à peu près une heure et demie.
Il y a aussi un violoncelle qui vole, un étonnant jongleur qui joue avec des balles et des chapeaux melons, un acrobate qui monte et descend à la force du poignet sur deux rubans de tissu, une équilibriste qui danse sur une corde lâche, une bicyclette qui voyage au-dessus des têtes des spectateurs et une femme avec un air halluciné qui fait croire que, répétitivement, un téléphone portable dans le parterre l’incommode en l’empêchant de chanter, alors que ce dernier se trouve ni plus ni moins entre ses seins.
Sur trois plans bien distincts au fond de la scène, les musiciens ensembles ou séparément, jouent sautent sur lit élastique posé sur le sol et les "performers" sortent du sol ou d’un coin quelconque de la scène par où ils apparaissent ou disparaissent pendant près d’une heure et demi.
Ce spectacle pour les petits, les moyens et les grands - avec une variante musicale soignée, bien trouvée, éclectique et attrayante - pourra être vu jusqu’au 30, toujours à 21 heures 30 à l’Aire Ouverte près de la Tour Vasco de Gama.