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27 avril 2016

Ils rêvent encore...

Ils rêvent encore | Dernières Nouvelles d'Alsace (presse_tempus) {PDF}ILLKIRCH GRAFFENDSTADEN Le Cirque Plume fête ses 30 ans

Ils rêvent encore...

Il avait déjà posé son chapiteau à Lixenbuhl en 2012. Pour ses 30 ans, le cirque Plume revient à Illkirch et regarde filer le temps… avec le sourire. « Tempus Fugit ? », son dixième – et avant-dernier ? – opus est à découvrir jusqu’au 7 mai. Courez-y !

C’est un souffle de vie, une parenthèse de rêve. Pénétrer sous le chapiteau du Cirque Plume, c’est laisser remonter les souvenirs des spectacles passés, tout en sachant déjà que le nouvel opus réservera d’autres pépites qui bientôt rejoindront l’escarcelle. A l’image de cet épatant numéro au mât chinois ou de cette entame de première... Des plumes tombent sur un piano suspendu au-dessus de la scène, qui peu à peu se rapproche du sol. « C’est un ange qui pleure », analyse à haute voix un enfant, résumant parfaitement l’esprit des lieux.
Posé sur le terrain de foot face à la station de tram Lixenbuhl - un terrain peu rancunier, qui avait porté quelque temps les stigmates de son passage de 2012 -, le chapiteau a un peu perdu de sa superbe. « Normal, il a 20 ans, alors on le lave, mais pas trop, pour le préserver… », explique le directeur artistique, Bernard Ku¬dlak. Après 30 ans et dix spectacles, l’esprit Plume, lui, n’a pas bougé d’un iota : festif et magique, tonique et poétique ; les deux pieds dans la vie, même si elle a des côtés sombres. Six des huit fondateurs sont toujours de l’aventure. Et si le prochain spectacle devrait aussi être le dernier, Bernard Kudlak n’en nourrit, dit-il, aucune nostalgie. « Ainsi va la vie. Elle est finitude. On naît, on vit… Un jour on meurt et c’est fini, même si cette société déteste tout ce qui n’est pas jeune et dynamique », résume, philosophe, le bienveillant sexagénaire.

Variation sur le temps qui passe

Il sait que les jeunes artistes ont pour certains d’autres projets et s’en réjouit - d’ailleurs c’est à leur remplacement qu’on travaille cet après-midi en répétition ; promet qu’il n’y aura pas de tournée d’adieu « à la Aznavour », même si le prochain spectacle est déjà vendu pour deux ans et que le directeur de l’Illiade, Jean-Louis Kircher, reverrait volontiers une fois encore son cirque fétiche à Illkirch. Bernard Kudlak travaille à la nouvelle création, dont les premières bribes s’esquissent ces jours-ci et qui tournera « autour de éléments et des saisons », comme un hommage à la nature.
En attendant, c’est une variation sur la transmission et le temps qui passe - via un métronome implacable ou de magiques boules de verre horlogères - qui est proposée par des passionnés de tous horizons, originaires de France ou des Etats-Unis, de Suisse ou du Canada. Des générations de spectateurs venus de toute la région et même d’Allemagne en profitent. Quelques grammes de douceur et de légèreté dans ce monde de brutes... Comme une respiration salvatrice.

Valérie Walch