Télérama
2 septembre 2009

Le coup de pinceau de Plume

La compagnie parle des peintres et de la peinture avec poésie, malgré quelques lourdeurs scolaires.

Le coup de pinceau de Plume | Télérama (presse_adp) {JPEG}L’ATELIER DU PEINTRE
DE ET PAR LE CIRQUE PLUME

Ah, qu’il était beau, le débit de l’eau, dans Plic Ploc, merveilleuse création du Cirque Plume, toute de légèreté et de musicalité. Ah, qu’il est épais, l’actuel coup de pinceau dans cet Atelier du peintre, spectacle, il est vrai, encore tout frais, à peine décroché des cimaises. Après la symphonie des gouttes, donc, Bernard Kudlak, fondateur de la mythique troupe franc-comtoise, nous promène dans son musée imaginaire : Vélasquez avec Les Ménines, Ingres avec La Grande Odalisque, Soulages et Klein pour le contemporain et le " Klein d’oeil " (sic). Et comme dirait Pierre Kudlak, guide phraseur de cette galerie très grand public : " Le noir, ça Soulages " (resic)... Il suffirait de presque rien - et d’abord de références moins appuyées, moins scolaires - pour que la magie opère. La troupe franc-comtoise reprend ici quelques jolies trouvailles, comme les ombres projetées, qui se marient bien à la cadence des balles. Le trampoline permet de surprenantes recompositions domestiques. L’impassible odalisque s’anime à la vue de l’irrésistible acrobate. Les dessins viennent se former eux-mêmes dans les cases. La danse des cadres, anonymes et mal assurés, bascule vers un savoureux moment de pure absurdité. C’est imagé, poétique, comme on aime... Plume, compagnie née il y a vingt-cinq ans à Besançon, se régénère à chaque spectacle. Les jeunes recrues (Kristina Dniprenko, à la roue allemande ; Antoine Nicaud, au trampoline ; Tibo Tout Court, petit clown jongleur) assurent vaillamment la relève. Avec quelques jeux de mots en moins, davantage de fantaisie, cette évocation picturale et littéraire gagnerait à oublier l’Almanach Vermot pour offrir un beau spectacle populaire, exploration sensible et personnelle.

Mathieu Braunstein