Ventilo
20 juin 2007

Ne manquez pas la fuite...

À partir d’une fuite d’eau qui fait "plic ploc" en tombant dans une gamelle,
le Cirque Plume bâtit un univers baigné de poésie, d’invention et d’humour.

Ne manquez pas la fuite | Ventilo (presse_plicploc) {JPEG}On entre sous un chapiteau, et on se retrouve assis face à une scène, comme au théâtre : à lui seul, le dispositif choisi par le Cirque Plume pour Plic Ploc résume l’esprit de cette compagnie hors normes - créer des spectacles de cirque, oui, mais qui réunissent et célèbrent surtout " l’esprit de la fête, le rêve, la poésie, le voyage, la musique... " Tout commence par une fuite discrète au toit du chapiteau, qui va rapidement faire déborder la scène de prouesses et d’inventions. Car une goutte d’eau qui tombe dans une casserole, par exemple, ça fait une note de musique ; et ce petit " ploc " suffit à lancer la formidable machine à rêver et à créer du Cirque Plume. De la simple fuite au véritable déluge, il n’y a qu’un pas, allègrement franchi par la dizaine d’artistes du spectacle : sur la scène peu à peu transformée en véritable miroir d’eau, régulièrement épongée, ils enchaînent avec jubilation les jeux d’eau, les jeux de main, les jeux de mots. Parapluies et parasols de plage, tubes et tuyaux en tous genres, serpillières et bâches - tout l’univers de la pluie, des rivières, ou encore de la plomberie, devient prétexte à invention. Et l’on découvre ainsi que le meilleur moyen d’arrêter une fuite d’eau, c’est peut-être de lui lancer de l’eau. Que les parapluies, d’apparence si raides et mécaniques, peuvent devenir de dangereux fauves dévoreurs de dresseurs. Qu’une averse imprévue, un matin près de la plage, offre un magnifique spectacle de mouvements et de lueurs. Que les tuyaux d’arrosage aiment jouer les serpents malicieux chatouilleurs de jeunes femmes... Qu’au-dessus des rivières, il y a une lune en cerceau dans laquelle se prélasse une Colombine contorsionniste au sourire éclatant. Que l’eau (en jets) peut même devenir feu (d’artifice) entre les mains d’un jongleur alchimiste... En gouttes, en cascades, en cataractes, en catastrophes, l’eau se fait douche, orage, bain, arrosage - et musique, bien sûr. Elle coule du toit, jaillit du sol, remplit les bidons, arrose les acrobates, imbibe les costumes. " Ils lavent l’eau ", commente, médusée, une petite spectatrice. Oui, le Cirque Plume a ce genre de don. Il a surtout celui de nous émerveiller sans chercher à nous épater : omniprésents, l’humour et la légèreté accompagnent chaque instant du spectacle - comme si les artistes, humblement et généreusement, cherchaient à s’excuser d’avoir autant de talents et d’accomplir de telles performances.

F.F.