À Nous Paris
5 novembre 2018

dernier tour de piste - Cirque Plume dans La Dernière Saison

dernier tour de piste - Cirque Plume dans La Dernière Saison | À Nous Paris (presse_lds) {PDF}Avec La Dernière Saison, le Cirque Plume a choisi La Villette pour tirer sa révérence à un public fidèle et composite qui se presse pour saluer 30 ans « d’actes de cirque et de musiques ». Un best-of commémoratif ? Non, une vraie création à partager ici et maintenant. Mené par Bernard Kudlak, directeur artistique et cofondateur de la compagnie – montée en 1984 par une bande de saltimbanques de Franche-Comté – ce collectif s’est imposé comme l’un des pionniers de ce qu’on appela le Nouveau Cirque. Il n’a pourtant jamais trahi ses idéaux : concilier exigence artistique et dimension populaire, réfuter les compromis commerciaux et privilégier l’esprit de troupe. Folie douce bâtie sur la nature, les saisons, le vivant et le sauvage « devenus des objets à détruire ou à consommer », ce 12e opus est une pépite onirique, une magie visuelle et burlesque. Sur scène, pas de piste mais une « boîte noire », un espace frontal (comme au théâtre) sur lequel se dresse une immense toile signée Charles Belle : peinte en forêt, au bois et au fusain, elle a passé sept saisons dehors, battue par le vent et les orages, avant d’accueillir le bestiaire fantastique des forêts jurassiennes : anges sylvestres monstres griffus, étranges fauves, freaks, etc. Musiciens et circassiens de différentes générations s’entremêlent sous une neige légère comme une plume. Batailles de ventres hilarantes, acrobaties au fil, au cerceau, mât chinois, anneau aérien, jongleries, contorsions, voltige, clown, théâtre, musique (judicieusement confiée à Benoît Schick depuis le décès de Robert Miny) se fondent dans un même geste artistique. Tout ce que ces drôles d’oiseaux ont apporté au cirque depuis 1984 est là : poésie, rêve, musique, joie, engagement citoyen, forces et failles. Les spectateurs sont debout, les yeux brillants comme des lucioles. Emplis de gratitude.

M.H.