Le Progrès
28 juin 2013

Entre le tic et le tac, l’insoutenable légèreté du Cirque Plume

Entre le tic et le tac, l'insoutenable légèreté du Cirque Plume | Le Progrès (presse_tempus) {PDF}Nuits de Fourvière. Le Cirque Plume s’installe ce vendredi, et pour un mois, au parc de Parilly, dans le cadre des Nuits de Fourvière. Ne le manquez pas.

Le titre seul du spectacle est tout un poème : " Tempus fugit ? Une ballade sur le chemin perdu ›, autrement dit : " le temps fuit-il ? " Oui, il fuit, assurément. Et ce chemin perdu, pour ces Francs-Comtois qui ont quasiment grandi avec une pendule dans le ventre, ce n’est pas ce que vous croyez, non. Le chemin perdu, c’est du jargon d’horloger, et ça désigne ce moment ultra-poétique entre le tic et le tac, le repos et la chute, bref, l’espace infini et éternel de l’instant. C’est dire la fragilité et pourtant l’obstination irréductible du propos... C’est tout dire aussi de l’impression générale que dégage le spectacle : force incroyable et légèreté insoutenable. Car, à quoi ça ressemble, un spectacle " Plume ››, et celui-ci en particulier ? À rien d’autre.
Bien sûr, il y a des trapèzes et des mâts chinois, un clown au nez rouge et une funambule, des jongleurs et des acrobates. Qui, accessoirement, jouent du trombone, des percussions, du saxo, de l’accordéon.

Force incroyable et légèreté insoutenable.

La force du Cirque Plume, c’est de créer des images, des scènes, des tableaux qui sont autant de visions qui vont s’imprimer là, dans votre rétine, monter dans votre cerveau et vous redescendre dans le cœur, et pour longtemps. C’est ce piano en apesanteur au-dessus du sol, lui-même soulevé comme par une force tellurique. Ce sont ces xylophones verticaux et en verre, qui font comme une cathédrale tintinnabulante. C’est ce violoniste qui s’envole à la poursuite de sa partition. C’est cette acrobate prisonnière de draps rendus et gonflés. C’est ce clown, dont le nez rouge et lumineux se balade en ombre chinoise et démultipliée. C’est cet atelier maléfique d’où sortent de la fumée et des bruits inquiétants. Ce sont mille petits mondes réunis sur un seul plateau, dans une géométrie impossible et pourtant harmonieuse.
Alors, même si ce spectacle-là manquait, à sa création à Besançon, d’un peu de fluidité, s’il est parfois décousu, si 1’idée de transmission illustrée par un couple d’artistes (un jeune, un vieux), est un peu appuyée, ne leur en veuillez pas, balayez ces petites poussières et ne gardez que l’essentiel : vous allez passer plus d’une heure et demie enchantée dans un autre monde. Un monde tellement meilleur.

Françoise MONNET