Le Poulailler
8 octobre 2009

L’atelier du peintre

Le Poulailler | L'atelier du peintre (presse_adp) {JPEG}Le Cirque Plume n’a certainement pas besoin de recommandations. Après cinq ans de silence, il revient avec une nouvelle création, L’atelier du peintre. Un univers à découvrir et à redécouvrir, à partager ou à se réserver.

Quel autre haut lieu de création que l’atelier d’un peintre ? Nombril du monde de l’imaginaire, carrefour où muses, lubies et fantasmes ergotent jusqu’à plus soif, plateau tournant où se mélangent couleurs et textures, traits et mouvements, cadres et figures, le royaume de l’artiste solitaire en face à face avec son chevalet était et reste une source d’inspiration, tant pour celui qui y loge que pour celui qui s’y rend.

Bernard Kudlak et ses compagnons de circassiens-comédiens-musiciens y plongent la tête la première accompagnés de leur batterie de techniques : Kristina Dniprenko virevolte dans sa roue allemande, Laura Smith flotte au-dessus de son trampoline, Antoine Nicaud vole accroché à ses sangles aériennes, suivi de près par Chelsea O’Brian. Eux et tous les autres cachent un, voire deux ou trois instruments musicaux dans leur poche, magnifiquement orchestrés par le maestro Robert Miny. Pendant que défilent les incontournables disciplines circassiennes, que la poésie revisite pour les faire entrer sans hiatus dans l’espace pictural, et tandis que la musique enivre et que le mouvement émerveille, des intermèdes de clown viennent s’intercaler entre les différents numéros, avatars d’une structure dramaturgique traditionnelle, occasions incontournables de retrouver ce rire bergsonien que l’on ne se lasse pas de critiquer en public et d’adorer en privé !

Déclinant à l’infini les jeux de cadrages et de miroirs, prenant librement appui sur Les Ménines de Velázquez, citant un Jésus de Dali ou rebondissant sur une référence à un Magritte en apesanteur, se moquant sans fioritures de la transe dont doit être habité le geste créateur, le Cirque Plume fait une fois de plus preuve, au-delà de sa rigueur technique absolue, d’une capacité d’innovation étonnante. Poésie, technique et humour trouvent dans chacune de leurs créations un nouvel équilibre toujours surprenant à (re)découvrir.

Après Plic-Ploc, véritable symphonie autour de l’eau, spectacle d’une esthétique recherchée et d’une poésie subtile, le Cirque Plume retrouve avec L’atelier du peintre le plaisir enfantin de patauger dans les matériaux, de se barbouiller de peinture, de tout éclabousser sans but ni dessein, renouant dans cet apparent désordre avec une sorte de primitivisme créatif. Ludique avant tout, drôle de surcroît, le spectacle est accessible dès 5 ans.

Myrto Reiss