20 Minutes
10 octobre 2014

La poésie d’une plume

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Le Cirque Plume fête ses 30 ans avec « Tempus Fugit »

« Tempus Fugit » : le temps passe vite. Trente ans, qui pour le Cirque Plume, ont filé en un clin d’œil. S’il y a bien une troupe qui a arrêté le temps, c’est bien celle-ci, cofondateur du « Nouveau Cirque », les seuls encore en exercice...

En ombres chinoises

C’est en 1984 que le Cirque Plume a commencé à dépoussiérer la sciure traditionnelle. « A ce moment-là on donnait le cirque pour obsolète, pour mort, on a profité des soldes », rigole aujourd’hui son directeur Bernard Kudlak. Joyeux, poétique, généreux, on est loin du tape-à-l’œil technique et mercantile en usage jusque-là. Avec Plume, place au rêve, au désir, à la générosité. Leur dizaine de spectacles nous réjouit depuis la naissance de la compagnie et « Tempus Fugit », qu’ils donnent jusqu’à la fin de l’année au parc de la Villette, à Paris, ne fait pas exception… Tout juste pointera-t-on qu’à force de fréquenter ces artistes, on finit un peu par connaître tous leurs trucs et numéros. Musiciens en ombre chinoise et numéro de jonglage avec des balles de lumières dont l’une finit en nez rouge de clown, performance d’un homme gorille qui rappelle furieusement celle de l’homme fauve bondissant de Toiles (1993)... « Je ne sais pas vous, mais nous, on vieillit... », semble s’excuser Bernard Kudlak.
Sauf que s’ils ont vieilli, ça leur va plutôt bien. Ce spectacle, par sa simplicité, sa modestie, sa poésie de bouts de ficelles, nous ramène avec nostalgie aux débuts du Cirque Plume... Quand ils refusaient de mettre en scène des animaux, par soucis déontologique et esthétique, autant qu’économique. [Parce que "no animo mas anima", "pas d’animaux, plus d’âme", comme l’affirmait le titre d’un de leurs premiers spectacles.] « Tempus Fugit » joue sur le même registre, le même fil tendu du temps qui file et ne s’arrête plus. Un spectacle pas forcément très spectaculaire, mais envoûtant.

Stéphane LEBLANC