Beaux Arts Magazine
1er décembre 2018

Le Cirque Plume fait ses adieux

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Programmée jusqu’au 30 décembre sous chapiteau au parc de la Villette, la Dernière Saison fait neiger des plumes blanches à Paris. Poétique jusqu’au bout.

Tous les spectateurs ne sont pas encore installés, mais déjà des feuilles mortes tombent sur scène, annonçant la couleur de ce spectacle teinté d’une douce mélancolie. Pour sa dernière création, le Cirque Plume s’est installé au cœur de la forêt, endroit propice aux déambulations oniriques et nostalgiques ; lieu de beauté, d’angoisse et de perdition, soumis au cycle des saisons. Sur le tapis de feuilles rousses, devant des arbres peints au fusain et au bois sur une grande toile laissée à l’air libre pendant des mois et ainsi marquée par les aléas du temps, défilent d’étranges créatures, tout droit sorties d’un conte de Grimm ou d’un livre de Maurice Sendak. Musiciens, acrobates, jongleurs et farfadets se livrent à de joyeux numéros. La compagnie, formée il y a plus de trente ans, est restée fidèle à ses fondamentaux : poésie, humour et esprit de troupe. À la fois réjouissant, entraînant et émouvant, le spectacle d’adieu est une fête où la musique est omniprésente, encourageant l’elfe qui s’élance dans les airs suspendu à un cerceau ou la femme en costume blanc qui, une fois la nuit tombée, défie les lois de la gravité et du vertige avec son ascension d’un mât fixé à la verticale. Frissons garantis !

« Nous irons pêcher d’autres rêves sur d’autres rivières »

L’hiver arrive sans crier gare. Il neige des plumes blanches. Le Père Noël a perdu la tête et la contorsionniste chaussée de skis s’emmêle les jambes dans tous les sens, suscitant cris et hilarité dans la salle, avant que ses camarades de jeu ne viennent la secourir. Lorsqu’une pluie de fleurs rouges s’abat sur la salle, annonçant le printemps et bientôt l’été, la funambule hilare, comme si elle était ivre, se met à danser par magie sur de menus fils tendus dans l’espace. Parés de couronnes de feuilles, tenues légères et peaux de bêtes, dans une ambiance digne des bacchanales antiques, ses compagnons saltimbanques se déchaînent une dernière fois. Comme les meilleurs choses ont une fin, il faut bien se résoudre aux adieux. Que feront tous les membres de la troupe, une fois dispersés ? « Nous irons pêcher d’autres rêves sur d’autres rivières », répond le directeur artistique et metteur en scène Bernard Kudlak. La fin d’un cycle donc. Avant la naissance de nouveaux rêves artistiques qui promettent d’enchanter notre quotidien.

Daphné Bétard