Le Courrier de l’Escault
11 avril 1989

Les merveilles du cirque Plume

Michel VOITURIER

JPEGImaginez un cirque qui s’aventurerait aux confins de la poésie. Imaginez un chapiteau qui ne se réfère pas à Barnum, qui n’abrite pas une musique tonitruante de fanfare, ni le lourd attirail qui va de pair avec des numéros d’animaux exotiques ou réputés féroces, ni la dramatisation artificielle qui souligne certaines acrobaties. Imaginez des artistes qui ne se prennent pas pour des vedettes mais plutôt pour les artisans d’un plaisir à fournir au public avec la complicité d’une connivence souriante.
Hé bien, ce cirque-là existe. Je l’ai rencontré un soir de juillet, l’an dernier. Merveille des merveilles, tout y était léger. Non pas inconsistant mais impalpable. Un peu à la manière d’une féerie. Il suffit de s’abandonner et chaque numéro se pare d’une grâce étonnante, presque chorégraphique, enrobée de musiques aussi inattendues que variées.
Tout y était (tout y est) présenté avec minutie, et cependant aucun effet n’est appuyé, aucune prestation ne donne l’impression de l’effort. L’humour demeure omniprésent, contagieux, revigorant.
Le programme se déroule avec une fluidité étonnante. Les enchaînements font partie du spectacle. Et le spectateur est à ce point emporté qu’il se trouve tout ébahi au moment où il s’aperçoit que la représentation est terminée alors qu’il n’a pas senti le temps passer.